7, rue Hoche à Levallois. 1957.
Pour pouvoir m’établir, il me faut trouver un local commercial. Un vieux panneau “à louer” se trouve depuis longtemps au dessus du 7 rue Hoche. Dans le fond de la cour, je découvre un vieil atelier vitré, vide d’occupants. Ce local à louer est abandonné depuis 12 ans, la toiture en partie vitrée est cassée. Le locataire précédent fabriquait de l’encre d’imprimerie…. Ce local est tout ce qu’il y a de plus repoussant. Je n’ai pas d’argent, mon père bricoleur, comprend le bon parti qu’on peut en tirer…. Les grands travaux commencent petit à petit en suivant l’état de mes finances, avec l’aide de mon père et de Jacques Quatremains, peintre décorateur qui font ce qu’on peut ne pas confier à des entrepreneurs. C’est le début d’une longue histoire qui va durer jusqu’au 20 décembre 1995. “ J.P.Ronzel

La cour, avec l’éléphant et la girafe qui ont servi pour la campagne VolksWagen en 1960

“Dans ma société, nous avons toujours été moins d’une dizaine. J’était “le patron”, plutôt autoritaire, exigeant, toujours obsédé par la volonté que tout soit impeccable. Je tenais les contacts avec les clients, je m’occupais de toute la création, la réalisation artistique et technique.
En général, il y avait 2 assistants photo, 1 secrétaire assistante, 1 secrétaire accueil, un comptable, un garçon de courses. Parfois, j’ai fait des tentatives pour me faire seconder sur le plan commercial et marketing, mais ce n’était pas une bonne idée du fait de mon caractère.
J.P.Ronzel

Studio du bas

La cabine pour les mannequins.

Studio du haut

Jacques France, coiffeur

Le matériel

“Je me suis toujours appliqué à faire des photos de la plus grande qualité technique possible.
En général, il fallait fournir aux éditeurs des tirages ou des diapositives du plus grand format possible. J’ai fait toute ma vie professionnelle avec des films argentiques. J’ai bien aimé avoir du beau matériel, mais c’était également une nécessité d’être à la pointe de la technologie.
J’ai commencé avec une 18x24 Gilles Faller avec chambre sur pied en bois.
Puis, j’ai acheté une des premières Kardan Linhof 20x25 cm (8x10 inches), c’est à dire la plus grosse “bête” chez Chotard qui était l’importateur, rue Bobillot à Paris.
Puis une deuxième Kardan 20x25, car je voulais pouvoir avoir en même temps 2 travaux en cours. C’est cette Kardan qui a été hissée au Mont Blanc.
J’ai également eu une Linhof Teknika 4x5 inches, dans certains cas ce format était suffisant, et on pouvait travailler à la main et sur pied.
Pour le format 6x6, j’ai eu plusieurs modèles Rolleflex, à visée Reflex. Puis j’ai eu des Hasselblad, ayant le gros avantage d’avoir des objectifs interchangeables, et le dos qui contenait le film était également interchangeable. Ceci présentait un gros intérêt, de pouvoir passer du noir-blanc à la couleur, par un simple changement du magasin au cours d’une même séance de prises de vues. C’est ce que j’ai utilisé pour les prises de vues en hélicoptère. Avec du 6x6, on pouvait faire des tirages d’assez grande taille, jusqu’à format magazine, voire un peu plus grand. Mais je considérais que c’était insuffisant pour des affiches.
J’avais un Leica 24x36 que j’aimais bien. Les magazines disaient qu’ils ne pouvaient pas tirer parti de diapositives de ce format, ce qui à mon avis n’était pas vrai. Au début, il n’ay avait pas de cellule intégrée (il fallait faire l’exposition avec un pausemètre). Télémètre couplé pour faire la mise au point manuelle. Il y avait des objectifs interchangeables. J’ai aussi eu un Leicaflex.
Puis arrive sur le marché Nikon Reflex, à objectifs interchangeables, 24x36. J’en achèterai plusieurs modèles en suivant les évolutions de la technique.”
J.P.Ronzel

L’éclairage

“Aux studios, au début, et pendant de nombreuses années, l’éclairage était fait par des lampes tungstène, avec de grands réflecteurs de 70 cm de diamètre, sur pied vertical orientable, et en général, on on en mettait 3 au dessus les uns de autres. On ajoutait des spots avec ampoule au tungstène. On choisissait ses lampes avec une température de couleur qui convenait par rapport au film choisi. Si ce n’était pas le cas, il fallait rajouter devant l’objectif des filtres wratten gélatine pour effectuer les corrections. Ces indications étaient données par le thermo colorimètre. Il fallait un compteur électrique d’une énorme puissance.
Sur les appareils photos, il y avait des flashes électroniques de reportage.
Puis sont arrivés les flashes Balcar.
Mardiks Baliozian, photographe rue Victor Hugo, a des flashes qui semblent très intéressants. Il a vu aux USA un système très intéressant qui envoie la lumière du flash électronique vers un parapluie blanc, pliant. Leur consommation électrique est beaucoup plus faible. Il a monté la fabrication de ce type de flash en France, les a nommés Balcar, et il voulait en vendre. Je l’ai rencontré à ce moment-là, et je les ai adoptés. J’ai alors arrêté les flashes au tungstène. Du fait que je faisais beaucoup de grand format, il fallait beaucoup de puissance lumineuse. J’ai eu simultanément jusqu’à 25 Balcar, et il m’arrivait d’en emporter à l’extérieur, alimentés par un groupe électrogène. J’ai eu des relations très amicales avec Mardiks
.” J.P.Ronzel

Jacques Quatremains, près d’un flash tungstène

Les films. Le développement des négatifs et les tirages sur papier

Mardiks Baliozian et “ses” flashes Balcar. Au cours campagne VolksWagen 1961

“D”emblée, lors de mon installation rue Hoche, j’aménage un laboratoire de traitement des prises de vues. J’avais 2 agrandisseurs, l’un de la marque Durst qui acceptait des négatifs jusqu’à 13x18 cm ; et un second pour les films 24x36. On pouvait acheter des produits tout faits.
Dans mon studio, on ne traitait que les images noir-blanc. Je savais faire toutes les opérations, mais je laissais ce travail aux assistants.
J.P.Ronzel